BG Temza

Ma vie n'est guère passionnante... ni même hors du commun.
Une enfance somme toute banale et ennuyeuse.

Née parmis mes frères et mes soeurs dans la cité des elfes noires, j'ai suivi comme chacun un entrainement à l'art du combat. Excepté qu'à l'inverse de mes camarades, j'ai choisi une arme que certains qualifieraient d'arme de lâche... ce qu'ils ignorent, c'est le profond sentiment que l'on ressent lorsqu'on regarde le visage de l'ennemi se décomposer lorsqu'il comprend que sa vie se finit avec le rapide morceaux de bois qui se dirige vers lui.
Qui aurait pu s'imaginer passer de l'autre côté à cause d'un simple et ridicule morceau d'arbre...
Mais je m'éloigne...

Je disais donc... des années d'entrainement avec l'espoir de supplanter le maître. Quelle joie lorsqu'on se voit gagner contre celui qui se croyait au-dessus de toute défaite...

J'ai quitté ma ville natale il y a des années de cela. Quelle jouissance d'être enfin maître de sa vie... de ne plus devoir subir les ridicules conseils et ordres de ces soit-disants grands maîtres.

Pour la suite, je vous raconterai un autre jour... cette journée d'entrainement intensif m'a épuisée...

Où en étais-je...?
Ah oui... mon départ tant attendu de la cité.

Lasse de cette vie passée entre quatre murs, je décidai enfin de partir. Pour moi, le voyage et la découverte du monde restait le meilleur entrainement qu'il soit.

L'on peut dire que j'ai parcouru beaucoup de chemin depuis... quel qu'il soit.
J'avoue avoir été quelque peu effrayée par le changement de paysage... moi qui était tant habituée à des monts et des chemins brumeux et noirs... voilà que je me retrouve dans un coin où l'herbe verte semblait avoir prit racine.
Marchant à la nuit tombée et profitant du lever du soleil pour me reposer, mes pas me conduisirent à une ville grouillant d'humains.
On m'avait souvent parlé d'eux, de leur teint blanchâtre et leur soit-disante supériorité pour la plupart d'entre-eux.
Non pas que je les mette tous dans le même panier, loin de là, mais il est vrai qu'une grande majorité correspond bien au profil que l'on m'a donné d'eux.
Je dois tout de même reconnaître que leurs constructions sont imposantes et néanmoins assez jolies... même si elles ne vallent bien sûr pas l'architecture des elfes noires.

Je quittai cette ville quelques heures plus tard, continuant mon chemin vers le nord.

Me voici donc sur les chemins menant au nord. J'ai pu constaté les créatures étranges qu'abrite ce monde. Ces espèces de fauves marchant à deux pattes tel les êtres humains. Seule leur pilosité aigüe et leur tête de chacal les différencient de nous. Tout dans leur manière de se tenir et de se battre me fait penser à des hommes.

Après moultes escalades sur les monts, je tomba sur une ville humaine beaucoup plus rustique que celle précédemment. Entourée comme l'autre de murailles, les habitations n'étaient plus faites de murailles et de pierres.
Même l'agitation y était différente. Chose peu étonnante puisque la populace y était amoindrie.
C'est là que mes pas s'arrêtèrent et que commença mon entrainement intensif. En effet, les environs étaient peuplés de créatures diverses qui n'attendaient rien d'autre que mon arc et mes flèches.

C'est dans cette cité que je revis une ancienne connaissance, une elfe de ma race, connue pour ayant un caractère bien à elle.
Après avoir échangé quelques mots, je saluai Mordreed et parti poursuivre mon entrainement.
Ayant encore mon ancien arc, je rendis visite au marchand d'armes de la ville y faisant l'achat d'un arc de facture bien meilleure que le mien.

Ma nouvelle arme en main, je partis donc m'entraîner aux alentours de Gludio, regorgeants de monstres en tout genre qui n'attendaient que mes flèches pour pouvoir partir sans trop de souffrance.
Le but n'étant pas de les faire agoniser mais bien de tirer des coups mortels.

Je m'entraînai donc des journées entières, améliorant ainsi mes tirs et leur justesse.
Cependant, à force, l'entrainement en solitaire devenait quelque peu ennuyeux.
C'est pourquoi j'alla trouver Mordreed, ayant eu vent d'une certaine guilde dont elle faisait partie et dont les buts se rapprochaient fortement des miens.
Ce fut quelques jours plus tard que je rencontrai la dirigeante, Jylis, une elfe noire tout comme moi, accompagnée de Mordreed.
Cette dernière me posa diverses questions quant à ce que je pourrais offrir au clan et si j'étais prête à offrir ma vie pour elle. Après quelques interrogations, je répondis par la positive.

Me voici donc membre de La Voix des Ombres...

Quelques pages furent laissées blanches…

Cela faisait déjà quelque temps qu’elle avait rejoint la Voix des Ombres, sa nouvelle famille, la seule qu’elle n'ait jamais appréciée. Surtout l’un de ses membres… un elfe sombre qui semblait avoir quelques difficultés à lui parler librement.
Elle trouvait cela drôle de provoquer une certaine gêne chez quelqu’un. Elle se doutait bien qu’il avait, pour elle, une certaine attirance et elle aimait jouer avec lui. C’est si facile…

Lorsqu’un jour ils avaient passé plusieurs heures à parler, il l’avait ému. Le passé des uns est si profondément enfuit en eux qu’il en devient impossible de le déchiffrer.
Ce jour-là, il a enfin réussi à lui dévoiler ce que son cœur gardait au fond de lui.
Elle n’avait jamais encore connu quelqu’un qui avait de tels sentiments à son égard et elle était perdue. Elle ignorait ce sentiment que l’on appelle l’amour. Elle avait besoin de réfléchir, avant de lui donner la réponse qu’il attendait.

Elle partit quelques temps, retournant auprès des siens. Elle avait une tâche à accomplir.
L’un de ses anciens camarades lui avait fait parvenir un mot qui l’avait ébranlé. Ainsi cette engeance d’elfe sombre avait recommencé ses méfaits… sa génitrice… une femme dont le cœur n’est rempli que de haine et de malveillance. Elle se devait d’agir… pour elle… pour les autres.

Comme elle s’y attendait, à son retour, sa mère n’eut pour elle que dégoût. Elle la croyait encore et toujours en dessous de tout, incapable de faire quoique ce soit de son existence. Néanmoins, elle lui demanda ce qu’elle devenait et accueillit avec un rire moqueur la nouvelle de son adhésion au sein d’un clan. Voilà encore la preuve de la faiblesse de sa fille… toujours besoin d’avoir des gens autour d’elle pour la protéger.
Depuis longtemps les moqueries de sa génitrice ne la touchaient plus… elle n’était douée que pour cela.
Ce fut avec un grand sourire qu’elle lui annonça la venue d’un mâle, son frère, qui dépasserait, lui, les espérances de sa mère.
Elle quitta sa mère et se dirigea vers le temple dans l’espoir d’aperçevoir son propre sang. Elle se cacha dans un recoin et observa la masse de jeunes elfes sombres en plein entrainement. Elle le repéra au premier coup d’œil. Il avait tout de sa mère… le visage… le même regard dédaigneux et méprisant. Malgré son jeune âge, il semblait maîtriser la magie mieux que les autres.

La nuit tombée, elle ne trouva pas le sommeil. Elle déplia le morceau de parchemin et le relu.
Elle s’étonna de la larme qui coula le long de sa joue. La rage au cœur, elle s’empara de son arc et son carquois et sorti de la pièce à pas feutrés.
La porte en face de sa chambre s’ouvrir sans un bruit… elle s’y glissa aussi silencieuse qu’un monstre guettant sa proie et s’approcha du lit.
Elle regarda quelques minutes la femme dormir sans expression aucune dans ses yeux.
Se répugnant de devoir ôter la vie d’une personne inconsciente, elle la réveilla.

Vendui' ilhar…
Vel'bol ph' dos xunin wun ussta cuass'ili ?
Sarn'elgg dos…

Elle joignit à ses derniers mots un sourire sans joie et sorti de derrière son dos une lame qu’elle pointa devant les yeux amusés de sa mère.

Neitar Dos orn inbal khalith ulu elgg uns'aa…
Dos z'reninth ilhar?

A cet instant, aussi rapide qu’elle le put, elle glissa la lame dans la chair du cou de sa mère. Les yeux revulsés, elle regarda sa fille et vit, pour la première fois, un regard haineux se poser sur elle.
Elle mourru quelques secondes plus tard dans un long gargouilli, des bulles de sang s’échappant de sa gorge.
La jeune elfe sombre jetta un dernier regard sur le corps inerte de celle qui fut sa mère.

Lu' nin dos shlu'ta v'dri wun gre'as'anto ussta abbil…

Dans une rage folle, elle ne se rendit pas compte de ce qu’elle était entrain de faire jusqu’à ce qu’elle voie la tête voler au bout de la pièce.
Couverte de sang, elle rejoignit sa chambre, calmée, et se jetta dans la bassine d’eau tiède, enlevant toutes traces de souillure de son corps.
Elle quitta le village au petit matin et se rendit au pied d’un arbre où gisait depuis plusieurs semaines, le corps de celui qui fut son seul ami.
Le cœur plus léger, elle repris la route en direction de Giran.

A son retour, elle retrouva celui qui, quelques semaines plus tôt, lui avait avoué son amour.
A sa question, elle lui donna une réponse positive.
Au fur et à mesure que les jours passaient, elle découvrait petit à petit la tendresse, l’amitié et l’amour, un sentiment, bien qu’étrange, mais pourtant agréable.

Elle se prit aussi d’amitié pour un humain des ombres, Sei…
Aux premiers abords, il paraît quelque peu étrange mais il s’avère que c’est quelqu’un de combatif, de loyal et d’une extrême gentillesse.
Il devint comme une sorte de confident pour elle.

Un événement imprévu vint troubler son bonheur… l’une de ses sœurs porte en elle la vie…
Evènement qui, au départ, est heureux, devint pour l’elfe sombre désastreux.
Celui qu’elle aime se retrouve, peut-être, père.
Au début, c’est un commencement de haine qui naît pour Thya et Sylton. Mais très vite, il est remplacé par une tristesse profonde…
Elle se doit d’aider sa sœur de cœur et non lui vouer un sentiment de basse vengeance.
Elle se promit de l’aider… quoiqu’il arrive.

De retour d’une longue chasse, elle se rendit sur la place de Giran. Quelques instants plus tard, l’une de ses sœurs, rentrée récemment dans les ombres, arriva.
Elle semblait perdue, cherchant une quelconque réponse dans les cieux. Se demandant si elle pouvait l’aider, Temza lui demanda ce qui la tracassait. Ne désirant pas parler au milieu des autres, elle l’entraîna plus loin et lui raconta son histoire.
Elle fut émue par la tristesse de son interlocutrice et, en même temps, dégoûtée de ce qu’elle avait subit comme outrages. Elle se promit de l’aider à trouver sa véritable identité et à la soutenir du mieux qu’elle put.
Sa haine pour le peuple elfe grandit encore ce jour-là…